L’effet de Serge de Phillippe Quesne, ou comment ré-interroger l’acte de création
Serge crée des mini spectacles de une à deux minutes devant des connaissances qu’il invite chez lui. Avant le spectacle, et comme de bien entendu, il offre jus d’orange, eau ou verre de vin rouge. Puis il installe chaises ou coussins là où il pense être le bon angle pour voir au mieux ses propositions. Il fabrique ce parcours en prenant le temps. En profitant de ce moment où, bientôt, il basculera dans une importance. Car il s’agit bien ici d’intensité. Ces petits spectacles, à priori dérisoires (jeux de lumière des phares d’une voiture dans la fumée sur de la musique classique, ronde d’un carton posé sur une voiture télécommandée autour du public … ) ne sont pas des événements en soi mais le deviennent via le quotidien de Serge, enveloppé de solitude. A moins que cela ne soit l’inverse : que Serge enveloppe son quotidien de solitude.
Lorsque son public s’en va, il joue, seul, au ping-pong. Comme une sorte d’échauffement avant le spectacle, il s’entraine à donner. Il ne peut faire que des services. Il ne peut que tenter des choses. Réessayer encore et toujours le service, un premier geste à parfaire, à ré-exploiter. Rien ne revient à lui, il donne Serge, il donne balle de ping-pong comme il donne ses petits spectacles. Sans autre pensée que de créer le geste. Ultime mouvement du créateur.